Etudiants Resistants à l'Ordre Etabli !

Etudiants mobilisés de la Faculté d'Avignon

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Appel de Rennes 2

samedi 15 avril 2006.

La cristallisation des médias et des centrales syndicales sur le C.P.E. annonçait la perspective d’une victoire en demi-teinte.

Un recul sur ce seul point rendait prévisible l’effondrement de la dynamique actuelle qui, seule, rend possible la continuation de la lutte. Le constat qui apparaît ici nous oblige donc à admettre que même plusieurs « victoires » de ce type ne sauront faire vaciller l’équilibre de la gouvernementalité qui nous incombe. Si le remplacement du C.P.E. fut, certes, un coup d’arrêt pour elle, le véritable recul ne peut être signifié que par l’abrogation du C.N.E. et de la loi « égalité des chances » (qui se fondent d’ailleurs sur les mêmes modalités que celle du C.P.E.). En ce sens, obtenir le retrait intégral de ces réformes représente l’enjeu essentiel d’une stratégie de lutte telle que l’exige la situation. C’est, de même, en fonction d’un tel constat que se conçoit l’importance et le succès certain des arrêts de travail et des blocages économiques (ceux des flux tels que les gares, les routes, les centres de tri postaux, les centres commerciaux, ou comme les occupations et déménagements des A.N.P.E., boîtes d’intérim...).

C’est cela même qui a alimenté la réussite de la mobilisation et a indiqué dans quelles perspectives pourrait s’élaborer une grève générale reconductible au sein de laquelle doivent enfin se retrouver étudiants, lycéens, salariés et précaires. Cet appel à la généralisation de la grève, tel est précisément ce que sous-entend le refus d’un « retour à la normale », tel est ce qui nous permettra d’opérer la mutation d’un mouvement social (avec son début et son attente de la fin) vers une lutte dont la temporalité longue ne laissera pas de place au statu-quo. Cette continuité marque alors l’évidence qu’il n’y a rien à attendre des confédérations syndicales que l’on doit juste mettre face à l’inévitable suivisme qui leur permet d’être encore écoutés.

On ne connaît que trop bien la rengaine paternaliste qui raisonnablement nous prévient qu’en continuant « l’on se met tout le monde à dos », ce discours qui, sous le couvert d’un conseil à « la jeunesse » dénie la réalité de notre existence de précaire et de salarié. Ce n’est pas la jeunesse qui se révolte, ce n’est pas la jeunesse qui a porté le désir de destruction des émeutiers de novembre auquel le C.P.E. fut la méprisante réponse, ce qui se révolte c’est l’expression du refus de la triste quotidienneté d’une vie apolitique, confiée aux gestionnaires.

Comment chacun, dans cette société, se rapporte à cette tristesse détermine deux façons irréconciliables d’être au monde : celle de qui se résigne à toujours mieux s’adapter et celle qui se reconnaît la puissance d’imposer une inflexion au cours des choses. C’est bien cette seconde manière d’être qui conforte et fait consister notre résistance encore vivace aux déferlements d’anti-bloqueurs qui, pour restaurer la sécurité de leurs perspectives individuelles, ne cessent de creuser l’hostilité que nous nous devons d’assumer.

Il ne s’agit pas de croire que l’on peut changer le monde avec un blocage d’université, ni de gérer avec les institutions un espace où « l’égalité des chances » se doit d’être programmée juridiquement.

Cet appel se veut, au contraire, l’expression du changement que le mouvement à imprimé à nos vies, expression non de la « chance », mais de la joie que nous avons pu éprouver de nous être reconnus égaux. Il n’y a, il est vrai, d’appel que là où se fait sentir un isolement. Nous ne pouvons reporter plus longtemps la fin de la trêve et, dans le rejet de tout comportement victimaire, le choix plus que de notre refus, de notre combat contre la précarité et la répression policière. Nous ne pouvons désormais éviter de faire consister plus encore l’organisation d’une communauté de lutte dont la perspective est de pousser salariés et syndicats à nous suivre dans un printemps insurrectionnel. Pour qui désire réellement que ce qui a lieu ne soit pas condamné à être oublié, notre victoire passera nécessairement par l’amnistie des émeutiers de novembre et de la lutte de ces deux derniers mois contre le C.N.E. et la loi « égalité des chances ».

Ecrit par Etudiants84 le Vendredi 28 Avril 2006, 23:43 dans ""Textes fondateurs"" Version imprimable

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